Le Djurdjura, cette nouvelle Autriche

Le Djurdjura et notamment sa a connu, depuis de longues montagne du Ras Timédouine décennies, de nombreuses qui culmine à 2.300 m d’altitude expéditions étrangères. Et pour cause, son potentiel en gouffres profonds dépasse tous ceux des montagnes algériennes, africaines et arabes. Son exploration ne fait d’ailleurs que commencer.

  • Par Mohamed Belaoud
  • Photos Réda Atia et Chaouki Djeghim

Le Ras Timédouine, un terrain qui s’étend sur quelque 6 km2, n’est pas seulement celui des jeux et des exploits. Il est également un terrain de l’étrange. Le visiteur ou le randonneur qu’un minimum de curiosité et de sensibilité talonne ne cessera pas d’être subjugué par sa beauté sauvage et les très nombreux phénomènes qu’il découvrira.

A la diversité biologique devenue un terme courant, il faudrait peut-être joindre celle minérale et ses origines. Les habitués de l’exploration des reliefs haut-alpins du monde n’ont pas hésité à souligner : «Le Djurdjura serait-il la nouvelle Autriche ? Nous ne sommes pas loin de le penser».

Au Ras Timedouine, cette montagne de la chaîne du Djurdjura, on y trouve différents types de cavités. A partir de la route des crêtes, dès le kilomètre 3 après Tikjda, à la base d’une falaise massive, on peut déjà observer quelques-unes. Une triplette que surmonte un gros trou rond sans intérêt, et qu’on appelle «Œil du Bœuf». Ce sont des grottes perchées, assez anciennes, qu’on peut facilement visiter, puisqu’elles se développent essentiellement en horizontal. Prenons d’abord «Les Jumelles» qui présentent deux entrées distantes de 30 m. On peut cheminer le long de ses 40 m de couloir montant. La galerie prend ensuite un détour et se poursuit par de petits paliers sur une trentaine de mètres, jusqu’à une salle basse fermée. Vint ensuite la grotte des «Bardanes». Modeste, elle ne se développe que sur une cinquantaine de mètres. Elle débute par une salle relativement basse avant de laisser libre cours à sa galerie dont la voûte atteint les 10 m. Bien tapissé de bouse de vache, ce vide s’arrête après un boyau de 2 m par une autre petite salle basse.

La plus intéressante de cette triplette de grottes perchées et alignées, est incontestablement le «Takouatz Guerrissène». C’est une cavité assez froide, dérapant. Elle s’amorce par une galerie montante qui s’élargit pour aboutir à une salle centrale. A droite, et après une descente d’un petit puits, un couloir s’étire sur 20 m. Tout droit à partir de la salle, la galerie continue sur une cinquantaine de mètres, mais en montant. Son plancher est troué de deux puits. L’un est colmaté par des éboulis et le second s’en va d’abord à – 35 m pour continuer plus bas, par d’autres puits, jusqu’à la côte – 123m. Cette cavité est également surnommée la «Grotte des Glaces». Elle renferme l’uni que glacier du pays, qui fonctionne durant presque toute l’année. La glace qui recouvre une partie des parois est due à la présence d’un circuit d’air qui gèle les eaux d’infiltration d’une cheminée. La cavité fonctionne en glacière depuis quelque 100.000 ans selon certains scientifiques. Cette grotte-gouffre a connu une évolution complexe. Elle rassemble côte à côte des galeries anciennes aujourd’hui abandonnées par les eaux ainsi que des puits et une cheminée récents, creusés par les eaux de fusion des puits à neige éternelles accrochés au-dessus de ses voûtes.

La ruée

C’est d’ailleurs ces trois cavités qui ont attiré les tout premiers spéléologues ayant mis les pieds dans le Ras Timedouine. Il s’agit de Peyerimhof, le célèbre spécialiste des insectes cavernicoles qui a signé ses passages vers 1913, et Saccardy, le conservateur des eaux et forêts d’Alger. Ensuite ce sera le tour de l’explorateur géologue P. Courbon dès le début des années 1960. Les Anglais et les Espagnols débarqueront respectivement pour des expéditions en 1968 et 1971. De 1973 à 1976, Y. Quinif prendra le relais avec son équipe belge accompagnée de quelques coopérants. En 1976 interviennent les Français de manière non-stop. Jusqu’à la fin des années 1980, le Ras Timedouine fut le théâtre d’importantes explorations et découvertes.

Cette montagne, comme l’ensemble de la chaîne du Djurdjura, est un livre qui raconte une odyssée merveilleuse. Certaines de ses pages doivent être consultées dans ses entrailles. Ce mastodonte qui a commencé à gonfler il y a 180 millions d’années, né au fond d’une mer et de dépressions, dévoile souvent par-ci par-là ses origines, en présentant des roches incrustées de coquillages. Les soubresauts et formidables forces qui l’ont tire de sa position couchée et projeté debout n’en finissent pas de le creuser par des cassures et des failles exploitées rapidement par les eaux et la neige. Des sondages naturels pour explorer —parfois à la Jules Verne— l’intérieur de notre planète. Les hauteurs centrales et nord du Ras Timedouine par exemple, présentent es paysages lunaires tel ce vaste plateau perché de son extrémité est. Un véritable gruyère. Les gouffres qui le tapissent ne sont séparés les uns des autres que par des abîmes et des roches dressées tranchantes. Un labyrinthe !

A la surface de ces déserts rocheux, le visiteur ne trouvera nulle trace de source d’eau. Le terrain est tellement poreux que la moindre goutte est vite absorbée, emmagasinée dans ce château d’eau que les riverains appellent Jarjar. Ces collecteurs, les spéléologues en raffolent. Jusqu’à nos jours on n’en a pas encore déniché. Le gouffre du Léopard est tout indiqué pour en abriter. Mais pour le trouver, il faut une équipe d’explorateurs techniquement, matériellement et physiquement prête à toute épreuve. Il faut aussi dresser un bivouac à – 300 m et – 840 m, vaincre le froid, la boue, les cascades et les étroitures, faire descendre le matériel de scaphandre à – 1.160 m, plonger et traverser le fond de l’abîme défendu par une galerie ou passage noyé dit siphon et continuer la recherche. Ce n’est pas une mince affaire !

Faisons une pause. Donnons-nous rendez-vous dans une quinzaine de jours pour mieux vous présenter ce fameux gouffre du Léopard, si bien sûr Dame nature nous le permet. Sinon, en attendant, nous irons ailleurs, dans un autre massif du pays pour vous raconter cette Algérie souterraine.

Le Ras Timedouine Comme l’ensemble de la chaîne du Djurdjura, est un livre qui raconte une odyssée merveilleuse. Certaines de ses pages doivent être consultées dans ses entrailles.

Un commentaire

  1. Reading your article helped me a lot and I agree with you. But I still have some doubts, can you clarify for me? I’ll keep an eye out for your answers.

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