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LA GROTTE DES OURS GHAR- ZAHAR (grotte qui gronde) 3ème partie – Spéléo Club Constantine
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LA GROTTE DES OURS GHAR- ZAHAR (grotte qui gronde) 3ème partie


LA

GROTTE DES OURS

GHAR- ZAHAR (grotte qui gronde) Ainsi appelée par les Arabes à Constantine (Algérie)

Suite et fin

(Fig. 25). Dix-sept poinçons, aiguilles très finement effilés et polis.

Un curieux outil est celui que nous représente la (Fig. 26), il était en deux morceaux trouvés assez loin l’un de l’autre, la teinte même diffère un peu, par suite de la nature du sol, et ce n’est qu’au rapprochement que nous avons pu nous a percevoir qu’il s’agissait du même objet.

 Figure 24- Industrie de l’Os
Figure 25- Industrie de l’Os

(Fig. 26)

Il mesure 0m18 de longueur, 0m008 clans le bout le plus étroit et 0m02 dans sa plus grande 1argeur L’extrémité porte un trou de suspension conique des deux côtés et sa plus grande épaisseur n’est guère que de 0m002.

Soigneusement raclé et poli sur les deux surfaces, tout le pourtour se trouve aminci et la partie la plus tranchante se tient à partir du milieu, formant échancrure jusqu’a l’extrémité  la plus étroite.

La taille particulière de cet objet lui donne une vague ressemblance et imitation à une jambe d’animal.

       A quoi a-t-il pu servir ? Comme couteau, Il n’était pas assez tranchant; comme écorchoir, la pointe est arrondie; nous ne pouvons guère former que des conjectures.

Sur un morceau de côte très plate, que nous avons fait reproduire grandeur naturelle, scié par le milieu, les côtés soigneusement amincis et polis, on relève des lignes nombreuses se ramifiant sur une ligne plus accentuée beaucoup plus nette et assez profonde.

Malheureusement brisé de longue date et un peu rongé vers la partie la plus intéressante, ce fragment mérite cependant une mention toute particulière) car nous voyons là un dessin, lequel, bien que grossier et ne représentant pas grand chose, mérite d’être signalé (Fig. 27).

(Fig. 27)

Un autre fragment de côte, long et arrondi comporte de nombreuses traces de raclage. L’une des extrémités a été grossièrement équarrie et de ce côté vers le tiers de la longueur, on relève un sillon profond et sur une seule face, comme si un lien toujours placé au même endroit avait longtemps assujetti notre objet.

Tout à l’entrée de la grotte et à gauche, la paroi du rocher forme une poche assez profonde que nous avons eue beaucoup de mal, en raison du peu d’espace pour se mouvoir, à faire dégager. A la profondeur de 1m50, en contact avec l’industrie des rares silex et des quartzites plus nombreux, nous avons été surpris de recueillir au milieu des l’estes de la faune ancienne, trois poinçons grossiers et deux pointes brisées de même facture, travaillés d’une façon indiscutable. Nous en donnons (Fig. 28) une reproduction photographique.

Figure 28-Poinçons grossièrement polis de la couche ancienne.
Figure 29-Silex Néolithiques.

On ne peut pas dire que ce soit le polissage véritable et parfait, mais un grattage particulier fait de ces os résistants des outils très primitifs et nous nous trouvons là à l’aurore d’une industrie de début qu’il ne nous est guère possible de classifier. A aucun autre endroit de notre importante fouille, nous n’avons rencontré des objets analogues et ils se trouvaient comme réunis au même endroit, vers le fond de la poche signalée. Est-ce une cachette simple et doit-on admettre qu’en pleine époque moustérienne, l’homme façonnait déjà l’os pour son usage et en confectionnait des outils ?

Si nous avions rencontré une industrie solutréenne, nous pourrions être à peu près fixés, mais les deux seules- industries franchement reconnues, nous en éloignent absolument.

Totalement fossilisés et d’une lourdeur extrême, ces curieux poinçons sont tout au moins remarquables et énigmatiques pour être particulièrement décrits.

Silex (Epoque néolithique).

L’industrie du silex occupe aussi dans notre fouille une large place, toutefois on reconnaît, comme du reste la chose a maintes fois été signalée, une tendance à abandonner les fines retouches qui ont pu faire à certaines périodes du néolithique notre admiration véritable.

La plupart sont des éclats intentionnellement préparés et directement utilisés pour couper et trancher. Ils sont trop nombreux pour que nous puissions nous y arrêter et nous nous bornerons à présenter une planche type (Fig.29)  de la catégorie des silex avec retouches.

De gauche à droite :

1° Superbe grattoir en silex pyromaque avec arête dorsale vers le milieu longitudinal, le séparant pour ainsi dire en deux parties égales par deux éclats nettement enlevés;

Le conchoïde a été rabattu; très finement retouché tout autour il offre un ensemble parfait du type classique allongé;

2° Scie en silex grisâtre dont la croûte rogneuse subsiste sur l’une des faces. Les dents encore très apparentes d’un côté ont disparu de l’autre;

3° Grattoir à emmanchure, en silex jaunâtre translucide .C’est la première fois que nous rencontrons ce type bien caractérisé. Retouché sur toute la périphérie, un éclat a été enlevé sur un tiers de la longueur du côté de la base et il se trouve finement retouché intérieurement pour pouvoir  être emmanché;

4° Autre grattoir allongé en silex blanchâtre et opaque, du même type que le premier signalé, avec une arête longitudinale le séparant en deux vers le milieu. Retouché d’une façon particulière il a dû servir en second lieu d’éclateur;

5° Scie grattoir en joli silex jaune translucide. A droite, la croûte est intacte; à gauche, les dents sont encore bien indiquées. L’une des extrémités est arrondie et retouchée en grattoir très fin, tandis que l’autre un peu échancrée se trouve retouchée à l’opposé comme pour l’emmanchement;

6° Grattoir circulaire en silex noirâtre;

7° Grattoir lame en silex jaunâtre et translucide, à arête dorsale vers le milieu. Très finement retouché des deux côtés, une extrémité est arrondie en quart de cercle pour servir de fin grattoir, la base est cassée;

8° Grattoir long et double en silex noir et brillant. Arête de milieu et très finement retouché sur toute la périphérie;

9° Grattoir circulaire en silex noirâtre très bien retouché sauf à la base conchoïdale; surface à éclats multiples;

10° Jolie pointe en silex jaunâtre et translucide;

11° Lame en silex marron légèrement translucide, finement retouchée des deux cotés;

12° Pointe de forte lame cassée, en bec de perroquet, silex jaunâtre translucide sur les parties les moins épaisses, finement retouchée sur la partie dorsale ainsi que sur la partie tranchante;

13° Curieuse flèche de côté en silex noir assez brillant, retouchée d’un seul côté La pointe pour l’emmanchement est un peu cassée et comme flèche bien caractérisée c’est la seule que nous ayons rencontrée;

14° Pointe épaisse et assez grossière en silex noir et brillant. Retouchée sur toutes les faces, elle rappelle la taille de l’époque solutréenne.

Industrie paléolithique

Silex et quartzites. – Nous avons vu qu’au dessous d’une épaisse couche argileuse et à 0m90 en moyenne plus bas que les premières couches à silex, nous avions rencontré une bande charbonneuse au contact de laquelle nous avions recueilli une assez grande quantité de quartzites et de rares silex. Il faut reconnaître là une industrie qui a beaucoup d’analogie avec le moustérien, mars qui pourrait bien lui être antérieure.

En effet, si quelques types rappellent la belle taille particulière à cette époque, il faut convenir que c’est l’exception et la généralité des spécimens recueillis sont plutôt grossiers (Fig. 30 et 31).

Ici, comme à Bougie, ainsi que nous avons eu l’occasion de le signaler (1), on trouve encore une persistance de la taille chelléenne, et, il y a lieu de considérer aussi que la faune, à cette profondeur, est absolument typique.

Nous serions donc, pensons-nous, à une période de transition entre le chelléen et le moustérien, ce que d’aucuns ont appelé le chelléo-moustérien.

La quantité des quartzites retenus est trop considérable pour que nous puissions les décrire tous, nous nous sommes borné, comme pour les silex néolithiques, à en faire tirer deux planches qui donneront suffisamment un aperçu de cette curieuse industrie.

C’est, du reste, une industrie que nous avons déjà décrite et analogue à celle que nous avons rencontrée dans notre fouille de la station quaternaire « Ali Bacha », à Bougie ; nous ne nous y arrêterons donc pas.

Ornement

Si l’ornement n’occupe qu’une très faible place dans le produit de notre importante fouille, cela ne peut provenir que des difficultés que nous avons rencontrées, car ainsi que nous le disions précédemment.

Figure 30- Industrie Paléontologique
1er rangée : Silex et calcaires siliceux – 2e rangée : Quartzites. 1/2grandeur
 Figure 31- Quartzites et calcaires. 1/2grandeur
Figure. 32- La Grotte, Vue de près
Figure. 33- La Grotte Vue à 150 mètres

il nous a été impossible de tamiser en raison de l’humidité, de la diversité et de la consistance des terres rencontrées. Cependant, le goût de l’ornement devait être très répandu à l’époque qui nous intéresse, s’il ‘ faut s’en rapporter aux rares objets recueillis.

Rappelons pour mémoire la pendeloque-amulette faite avec un fragment de carapace de tortue; puis nous citerons : plusieurs valves de pectunculus violacescens, toutes perforées au sommet par usure et du côté de la charnière; quelques disques en coquille d’œuf d’autruche; une perle en cornaline veinée du plus curieux effet et, enfin, une petite coquille marine, columbella rustica, dont les dernières spires ont été enlevées. Polie sur l’ouverture obtenue, on a dû J’abandonner ensuite quand on s’est aperçu que par cette perforation on ne pourrait rejoindre l’ouverture de la bouche.

Nous donnons, d’autre part, deux vues photographiques de la Grotte des Ours, l’une prise d’assez loin donne une idée de la puissance du massif crétacé à cet endroit; l’autre montre le chemin d’accès que nous avons dû établir pour nos travaux.

FAUNE

Nous avons confié l’étude des divers ossements recueillis, à notre excellent ami M. Pallary, il nous adresse la note très documentée ci-jointe, que nous reproduisons en entier. Tout en le remerciant de sa précieuse collaboration, nous croyons devoir ajouter pour terminer, que nous ne partageons pas tout-affait sa manière de voir en ce qui touche la période plus ou moins longue d’occupation à l’époque quaternaire.

Cette période pourrait bien avoir été beaucoup plus longue qu’Il ne le pense, il suffit de se rapporter à notre coupe de terrain et à la quantité relativement considérable des quartzites et silex recueillis.

D’autre part, nous ne pouvions évidemment pas lui adresser tous les ossements rencontrés, beaucoup ont été abandonnés, d’autres faisaient double emploi. Dans le nombre, il en existait de fendus dans le sens longitudinal, ainsi qu’on l’a pour ainsi dire toujours constaté dans les fouilles de ce genre.

Doit-on en conclure que l’homme faisait sa nourriture de l’ours, dont nous avons trouvé tant de restes? La chose paraît assez probable, car il ne serait guère admissible de rencontrer, au-dessus de notre bande charbonneuse aussi bien qu’en dessous, l’industrie toujours en contact avec les restes de ce peu sociable voisin. De nouvelles fouilles et d’autres documents nous permettront, sans doute, un jour, d’élucider cette question. Quoiqu’il en soit, nous dirons avec M. Pallary, cette faune qu’il a si bien décrite, est du plus haut intérêt.

FIN


  1. La station quaternaireAli Bacha à Bougie (Bulletin de la Société archéologique de Constantine, vol. xxxx, année -1906.

La version PDF téléchargeable

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