CRANE PRÉHISTORIQUE DE LA GROTTE DES HYÈNES

Au Bélezrna, département de (Constantine)

Par  P. ROYER.

(Séance du 18 novembre 1926).

M. Debruge a, par de nombreuses fouilles, mis à jour une série de crânes qui nous donnent de précieux renseignements sur les types humains fossiles de l’Afrique du Nord. Au début de celte année, il a découvert un nouveau document dans la Grotte des Hyènes, au Bélezrna, département de Constantine et il a bien voulu nous charger de l’étudier, ce dont nous le remercions sincèrement.

Les crânes trouvés anciennement au cours des diverses fouilles faites dans les trois départements algériens ont été décrits de façon très succincte, néanmoins il fût fait mention de la proéminence des arcades sourcilières et de l’épaisseur des os.

Ceux d’Ali-Bacha, du Djebel-Fartas, de Mechta-el-Arbi ; la plupart des crânes classés par M. Debruge comme appartenant à l’époque aurignacienne, ceux aussi de l’époque néolithique, ont un front bas et fuyant et des arcades sourcilières en forme de bourrelet.

Or, celui de la Grotte des Hyènes est très différent; c’est un crâne masculin dont les mesures nous ont donné les indices ci-dessous:

Crâne Ade la Grotte des Hyènes 1926 (d’après le Congrès de Monaco):

Indice céphalique horiz.         74,72 =  dolichocéphale.

——  frontal…………………..      75,00 =  mégasème.

——  facial supérieur.           43,51 =  hyperchamœprosope.

——  total…………………..          77,61 =      —————

—–  nasal……………………         57,14 =  platyrhinien.

—-  orbitaire…………………        79,47 =  microsème.

L’état défectueux de la base du crâne né nous a pas permis de prendre les diamètres hauteur-longueur et hauteur-largeur.

La hauteur auriculo-bregmatique est de        150

La courbe frontale…………………….        135

——–   pariétale …………………..         135

——–   occipitale………………….         130

——–   horizontale………………..          508

——–   auriculo-bregmatique……..          318

Au point de vue morphologique, les caractères principaux qui distinguent ce crâne des précédents sont: la hauteur du front, la position rectiligne des orbites rectangulaires dont le bord supérieur est horizontal, l’absence de bosses frontales. La glabelle est saillante, mais cette saillie ne se prolonge pas vers les apophyses orbitaires externes; il n’existe pas de prognathisme ; les branches montantes du maxillaire inférieur sont hautes par leur apophyse condylienne (brisée) qui devait dépasser notablement l’apophyse coronoïde.

La saillie des insertions musculaires, le large espace existant entre les arcades zygomatiques et les fosses temporales fortement déprimées; l’existence d’une crête temporale, dénoient une puissante; musculature, principalement en ce qui concerne les muscles crotaphites:

En résumé, le crâne A de la Grotte des Hyènes diffère notablement de ceux de Mechta-el-Arbi. Seul, le crâne féminin N° 2 étudié par Lagotala s’en rapproche par certains points, Il ne semble pas que cette divergence de caractères soit purement individuelle; elle paraît dénoter l’existence d’une race différente de celle des hommes au front bas et fuyant et aux arcades sourcilières en bourrelet qui faisaient dire à Bertholon que l’aspect en était néandertaloïde⁽¹⁾.

Notons enfin l’avulsion des quatre incisives aux deux mâchoires, avulsion qui eut lieu dès l’apparition des dents permanentes.

Nous retrouvons cette pratique rituelle:

Pour les 8 incisives sur Mechta-el-Arbi VI de la Société Préhistorique;

Pour les 4  incisives médianes sur Mechta-el-Arbi 1 et 2 étudiés par Lagotala et I et Y de la Société Préhistorique;

Pour les 2 incisives médianes supérieures sur Mechta-el-Arbi 1, 2 et 3 étudiés par Bertholon.

Royer Pierre.

Crâne préhistorique

De la grotte des hyènes

(Constantine).

In: Bulletins et Mémoires de la Société d’anthropologie de Paris, VIIO Série. Tome 7 fascicules 4-6,1926. pp. 119-120.

1. Ainsi qu’il l’a écrit, Bertholon en employant le terme * néandertaloïde*, faisait allusion à une ressemblance morphologique, non à une parité de race.

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