21 août 2025

Le 21 août 2025, une randonnée mémorable a été organisée par le spéléo club Constantine – SCC 25 au Djebel Cheikh Zouaoui, point culminant du massif du Chettaba, dans la région de Constantine. Cette ascension n’était pas seulement une activité sportive : elle fut l’accomplissement d’un projet profondément ancré dans le cœur des participants, consistant à ériger une plaque commémorative au sommet, symbole de persévérance et de fidélité aux rêves.
Données de la sortie
- Nombre de participants : 4
- Distance parcourue : 13,97 km
- Dénivelé positif : 826 m
- Dénivelé négatif : 614 m
- Altitude maximale : 1 314 m
- Altitude minimale : 501 m
- Difficulté technique : modéré
- Type d’itinéraire : aller simple
Le parcours débuta à Ibn Ziad, passa par le versant nord du massif, traversa les vestiges du village abandonné de la Zaouia de Cheikh Zouaoui, et mena jusqu’au sommet, la Soumaa, à 1 316 m d’altitude, avant de redescendre vers El Annab, par Ain Terab et la forêt de Nechem.
Le Massif du Chettaba et le Djebel Zouaoui
Le Djebel Chettaba, vaste chaîne montagneuse à l’ouest-sud-ouest de Constantine, s’étend sur environ 30 km de long et 20 km de large. Son arête principale, appelée Karkara, domine la région et rappelle l’importance historique et stratégique de ce massif.
Héritage antique
Sous l’Empire romain, le massif faisait partie intégrante du territoire de Cirta, l’ancienne Constantine. De nombreuses cités fortifiées, ou castella, jalonnaient ses pentes :
- Castellum Phuensium (Aïn Foua)
- Uzalis (Oudjel),
- Castellum elephantorum
- Castellum Arsacalitanum
- Castellum Mastarense (Beni Ziad)
De vastes agglomérations comme Seguiet er Roum témoignent de l’intense activité sociale, religieuse et militaire de l’époque. Le massif, véritable bastion naturel, servait autant de refuge que de point stratégique pour le contrôle des routes et des échanges.
Caractère géologique et karstique
Le Djebel Zouaoui, formant partie intégrante de ce massif, est une montagne calcaire de 1 316 m. Son relief est typique des paysages méditerranéens karstiques, sculpté par le temps et le climat :
- Poljé en forme de Z, inondable, d’environ 2 km sur 200-300 m.
- Dolines profondes, remplies de terra rossa.
- Lapiés, cannelures et pierres trouées, témoignant de l’érosion chimique.
- Cônes rocheux et croûtes calcaires, vestiges de phases géologiques plus anciennes.
Ces formes géomorphologiques illustrent une histoire complexe de dépôts, d’érosion et de cycles gel/dégel. Le massif reste un terrain privilégié pour les études en hydrologie karstique.
Patrimoine spirituel : la Zaouia de Cheikh Zouaoui
Le massif abrite aussi un patrimoine spirituel et religieux, notamment la Zaouia de Cheikh Zouaoui. Jadis lieu de prière et de savoir, elle est aujourd’hui en ruines : murs effondrés, portes fracturées, intérieur dévasté.
Ce délabrement, reflet du désintérêt et du vandalisme, demeure un rappel douloureux du patrimoine menacé.
L’ascension et la pose de la plaque
À midi, après plusieurs heures de marche, les participants commencèrent l’installation de la plaque au sommet. À 13h30, l’ouvrage fut achevé. Les jeunes prirent des photos, entourés de deux plaques désormais, comme deux témoins d’une même passion.
L’ambiance fut à la fois joyeuse et solennelle : la montagne, imposante, semblait reconnaître cet hommage.
Après un déjeuner partagé, les randonneurs choisirent de redescendre par un itinéraire différent, passant par la forêt de Nechem, jusqu’à rejoindre Ben Ziad, avec le sentiment d’avoir non seulement atteint un sommet physique, mais aussi surmonté un défi intérieur.
Conclusion et réflexion
Cette sortie fut plus qu’une randonnée. Elle fut un acte de mémoire, un hommage à la nature, à l’histoire et aux rêves que l’on refuse d’abandonner.
Le Djebel Cheikh Zouaoui, avec sa charge antique, géologique et spirituelle, a offert à ses visiteurs une leçon intemporelle : les rêves appartiennent à ceux qui osent les porter jusqu’au bout, sans attendre les promesses ajournées des autres.
Comme le dit le proverbe :
« Le sommet n’appartient pas à celui qui le contemple de loin, mais à celui qui prend le risque de gravir ses pentes. » Le 21 août 2025 restera donc gravé comme le jour où un rêve s’est hissé jusqu’au ciel, au sommet du Djebel Cheikh Zouaoui, pour devenir patrimoine commun.





