Les spéléologues algériens ont enfin leur fédération

COÏNCIDANT AVEC LA JOURNEE MONDIALE DE LA MONTAGNE

Bonne nouvelle pour les explorateurs de grottes : la Fédération algérienne de spéléologie est née. Et sa création coïncide avec la Journée mondiale de la montagne, célébrée le 11 décembre de chaque année. C’est ce que nous a déclaré Mohamed Belaoud l’un des membres fondateurs de cette fédération. «Nous avons déjà fait une première tentative qui remonte à 1990 mais elle avait échoué. Aujourd’hui, la situation se présente sous un meilleur jour et la Fédération de spéléologie est enfin créée», dit-il, avant d’ajouter : «Qui dit fédération, dit fédérer des énergies. Celles-ci sont sous forme de clubs ou bien d’individualités. La fédération regroupera des spéléologues de Béjaïa, de Boufarik, de Bouira, de Beni Yenni, d’Alger, de Constantine, et de tous les coins du pays». Il faut souligner que Mohamed Belaoud est lui-même spéléologue et un grand passionné des montagnes. Si bien qu’il a fondé l’un des premiers clubs de spéléologie, en l’occurrence, celui de Boufarik, au milieu des années 1980. Pour célébrer ce double événement, à savoir la naissance de la FAS et la Journée mondiale de la montagne, les organisateurs ont choisi le village de Thimeghrass qui relève de la commune de Ath Boumahdi, dans les Ouacifs, en Haute-Kabylie, et situé au pied du majestueux Djurdjura. Le fait est que plusieurs sites d’un intérêt crucial pour les spéléologues sont campés dans le giron de ce charmant village. D’ailleurs, les amateurs des sports de montagne connaissent parfaitement ce bel hameau surplombé par la fameuse «Main du juif» et donnant sur le site d’Assouel, près de Tikdjda. C’est là que se trouve, du reste, l’une des grottes les plus visitées du pays, appelée Anou Boussouel. «Le choix du village de Thimeghrass, c’est pour dire qu’il n’y a pas qu’Alger. Et puis, Thimeghrass, c’est La Mecque de la spéléologie alpine. C’est un site important pour les spéléologues dans la mesure où la région compte deux gouffres parmi les plus importants d’Afrique : Anou Boussouel, qui a 800 m de profondeur, et le gouffre du Léopard, qui fait plus de 1150 m de profondeur», explique Mohamed Belaoud en précisant que seule l’Afrique du Sud possède.

Une fédération similaire. Pour Belaoud la spéléologie est une activité à la fois sportive et scientifique qui convient parfaitement à notre relief, fort de milliers de cavités, grottes et autres richesses souterraines. Elle est au croisement de la géologie, de l’archéologie, de l’écologie, du tourisme et de quantité d’autres disciplines. «La demande est importante», assure-t-il. Ainsi, après les années de disette où il était établi que nos montagnes étaient l’apanage des groupes armés, voici venu le temps de se réapproprier nos massifs vertigineux pour en faire véritablement des havres de paix conformément à leur vocation originelle. C’est aussi le sens de cette journée du 11 décembre dédiée à la fête de la montagne. «Tout est prêt au niveau du village pour accueillir nos invités qui seront pris en charge par les habi­tants, une manière d’impliquer tout le monde et de faire les choses avec un brin de convivialité», indique Belaoud en soulignant que l’organisation de ces festivités se fera de concert avec le comité de village et l’APC d’Aït Boumahdi. Au programme : des randonnées, des balades pour les enfants à dos de mulet, des bergers qui vont parader avec leurs troupeaux. «Et il y aura même du parapente», ajoute Belaoud.

L’une des missions que se propose la fédération est l’éducation des jeunes à l’écologie et le respect de l’environnement ainsi que la découverte de leur propre culture. En un mot : apprendre à vivre en harmonie avec notre belle Algérie.

Par // Belaoud Mohamed

El Watan N° 5811

Un commentaire

  1. VOIR Midi libre N° 836
    Jeudi 10 décembre 2009
    A PARTIR D’AUJOURD’HUI SUR LE DJURDURA
    Grottes et monts en fête
    Une animation particulière est prévue cette fin de semaine au Djurdjura. Des spéléologues, venus de différentes régions du pays, se sont accordé pour créer leur propre fédération, non pas à Alger comme la tradition le veut mais dans un village des hauteurs de Ouacif,
    Précisément à Thimeghrass. Ce choix n’est pas le fruit du hasard. En effet ce site renferme, à lui seul, pratiquement tous les gouffres les plus profonds d’Algérie.
    Des cavités célèbres mondialement. La discipline n’étant pas uniquement sportive, les futurs animateurs de cette instance «spéléo» comptent s’affilier, de par les activités qu’elle représente, non seule- ment au ministère de la Jeunesse et des Sports, mais également à ceux de la Recherche scientifique, la Culture, l’Hydraulique, l’Agriculture, l’Environnement, l’Intérieur et les Moudjahiddine. Les organisateurs de ce week-end ont fait sciemment coïncider cet événement avec celui du 11 Décembre, Journée mondiale de la montagne. Pour eux c’est égale- ment l’occasion de lever le voile sur cette partie de l’Algérie ignorée.
    Néanmoins, cela n’a pas empêché ces villageois nichés au pied de la muraille de Thaltat, plus connue sous le nom de la «Main du Juif», de prévoir un riche programme. Des randonnées pédestres, des balades à dos d’ânes pour les enfants, visite de grotte, des sauts en parapentes à partir des cimes enneigées, des exhibitions d’escalades sur grandes parois, des veillées autour de feux de camps, des expositions et animations sur les matériels de plongée sous-marine, de ski, phytothérapie, roches … Dans les prairies, qui surplombent le village, les visiteurs seront accueillis par les bergers veillant en compagnie de leur fidèles chiens sur leur troupeaux de moutons chèvres ou vaches. Les maisons traditionnelles ouvriront, à l’occasion, leurs portes aux visiteurs. Les citadins devant le spectacle des femmes glanant les olives, en dépit du froid et des courbatures, prendront conscience du coût réel du litre d’huile d’olive. Pour des raisons de convivialité recherchée et de l’esprit du compter sur soi, les montagnards ont opté pour l’hébergement chez l’habitant.
    A cette occasion, tout le monde a mis la main à la poche. Le dernier jour un couscous géant, pour la “ouâada”, clôturera cette double manifestation. Dès à présent on pense à encore plus de festivités, l’année prochaine pour cette date.
    Rachid Safou
    Midi libre N° 836
    Jeudi 10 décembre 2009

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