Les entrailles du Djurdjura

M. Mohamed Tabèche, pré­sident du SCAY (Spéléologie Club des Ath-Yenni)

VRAIMENT gigantesque que cette chaîne montagneuse du Djurdjura. Cinquante kilomètres environ de longueur et 9 de largeur. Son plus haut sommet (lala Khedidja) atteint 2308 mètres.

Cependant, le Djurdjura ne suscite pas uniquement l’intérêt des géographes. Des géologues, archéologues, et des spéléologues se sont penchés eux aussi sur les aspects intérieurs et extérieurs de ce massif.

M. Mohamed Tabèche, pré­sident du SCAY (Spéléologie Club des Ath-Yenni) en sait beaucoup de choses. Ecoutons-le : “Des chercheurs étrangers sont de plus en plus intéressés par nos montagnes. Ils sont à l’origine de notre motivation : c’est à no­tre tour d’explorer ces nom­breuses cavités naturelles, à nous les Algériens d’apprécier les atouts naturels de notre pays. Avec la pratique, nous constatons que la spéléologie n’a pas seulement un but sportif. Elle a une dimension scientifique, sur­tout. Des domaines tels que l’hydrologie (ex : de nombreuses nappes d’eaux souterraines dans le massif du Djurdjura), la botanique (une végétation très va­riée), l’archéologie, l’anthropolo­gie (ex : la grotte du macchabée) divers ossements) lui sont liés”.

Le SCAY a été agréé par la wilaya en 1983. Le travail des prospections commencera quelque temps après. Des gouffres, des grottes… ! L’Anou Boussouil est par exemple l’un des gouffres les plus profonds du monde. Situé sur 1740 mètres d’altitude, cet abîme est profond de 800 mètres environ. «Takouats Guérissène », une caverne à glacier, la grotte du macchabée (Ifri Maghreb), le Petit Boussouil, ou encore la « Grotte de l’Ours » ont, tour à tour, été explorées par le SCAY.

Tréfonds, puits, rivières sou­terraines, faune et flore (foison­nent à l’intérieur comme à l’ex­térieur de ces montagnes du Djurdjura. Dans la forêt d’Aït-Ouabane, par exemple, abondent le chêne vert, le fusain, le sorbier, l’érable, le cèdre, et d’autres plan­tes.

Dans le passé, le Djurdjura était d’accès difficile. Pas de routes. Des sentiers escarpés seulement. S’équiper lourdement était déconseillé : le porteur serait vite épuisé. Aujourd’hui, des chemins serpentent partout. Ils font le bonheur des amateurs de ski en hiver. Mieux encore, des hôtels touristiques et des foyers pour jeunes vacanciers existent à Tala Guilef comme à Tikjda, là une activité sportive y prend Particulièrement de l’importance : le ski avec ses nombreux adeptes.

Ainsi le SCAY, grâce à la bonne volonté et à la persévéran­ce de ses jeunes éléments, progresse doucement mais sûrement. A ses débuts, ce fut une section de la maison des jeunes, baptisée “Amis de la Nature “, com­posée d’amateurs ayant déjà parcouru le Djurdjura. Ces jeunes auront ensuite l’occasion de rencontrer des équipes étrangères en expédition et prospectant d’une façon étudiée et bien organisée. C’est ainsi qu’ils ont ressenti eux aussi la motivation de devenir des spéléologues.

Démunis matériellement, les amateurs du Club algérien observaient les dits prospecteurs étrangers, de plus en plus nombreux dans la montagne. Une année seulement leur suffit pour amasser des théories appréciables pour passer à la pratique. Se posait alors le problème de matériel technique. Un élément de l’équi­pe fut dépêché en France pour son acquisition. Décision exécutée. On s’exerçait ensuite dans des grottes horizontales. Résultat : réalisation d’un film intitulé : ” Le Macchabée agonise”. Une progression à pas de géants. En 1985 première descente au gouffre du Boussouil, suite à un stage de formation très sérieux. On constitue même l’é­lite du Club. Cette dernière de­vant former d’autres jeunes. Survirent les cascades de ” Kouriet”, l”Annou Iflis” en ex­périmentation. A l’issue de cha­que activité, on passe à la pros­pection, habituellement. En hi­ver le travail se fait à l’école de spéléologie. Là, un poteau métallique est spécialement installé : il représente et les ascen­sions et les descentes. Les jeunes y expérimentent le matériel technique du club.

Juillet 1986. Organisation par le SCAY d’une descente au gouffre du Boussouil. Profon­deur atteinte : 600 mètres : c’est le potentiel des cordes; on ne peut donc dépasser cette mesu­re.

Août 1986. Expédition mixte Algéro-belge : amélioration des connaissances. Ces pratiques ; en ef­fet six éléments du SCAY ont atteint 500 mètres dans le gouffre du léopard une performance malgré des moyens dérisoires et insuffisants pour des expéditions aussi importantes. Des cavités naturelles notre pays en est plein. Reste seulement à les découvrir, les visiter et les étudier. Pour y arriver, il vaut mieux équiper les spéléologues en les motivant.

Par// Makhlouf FAKED” Article du journal Horizon du 08 janvier 1987

4 commentaires

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