Ifri Issamdane (At Avd Ali). Timeghras, Djurdjura.
Cette grotte se situe à peu près dans l’axe des aiguilles de taltat, à mi-chemin entre l’Aiguille inférieure et le village d’ait abd ali.
Le porche s’ouvre sur le versant nord d’une falaise calcaire séparée du taltat par une forte pente d’éboulis.
La visite se fait en ascendance ; la direction est NORD EST-SUD OUEST.
Le couloir se resserre en un boyau étroit et bas d’une longueur de 80 m, aboutissant à deux petites salles. Cette partie de la grotte, actuellement sèche, servait jadis d’exutoire au torrent souterrain ; elle est généralement traversée par un violent courant d’air froid.
Après la deuxième petite salle d’où l’on sort par une courte escalade, on ne tarde pas à entendre le murmure du cours d’eau.
Par un passage étroit entre deux colonnes stalagmitiques, on pénètre dans la partie active de la grotte, salle assez vaste ornée de nombreuses concrétions. Au bas de cette cavité, perte du ruisseau dont on suivra constamment le cours en visitant la partie supérieure de la grotte, soit que ses eaux coulent librement, soit qu’elles se cachent sous des éboulis ou des dépôts stalagmitiques.
Il est à noter qu’en dehors de détritus calcaires, ce cours d’eau charrie des matériaux assez divers, notamment des grès rouges et des schistes.
L’ascension de la première grande salle se poursuit sur une cascade pétrifiée et sur des roches éboulées et soudées par la calcite.
On franchit deux étroitures (« tire-bouchon » et voûte basse sur un petit bassin). Au-delà le passage se divise momentanément, puis on arrive au confluent de deux courants dont le long travail a formé deux cavités distinctes.
La branche de droite (peu de ruissèlement, flaques d’eau) conduit en direction sud-ouest par une forte pente à un noyau sinueux et sensiblement horizontal qui ne tarde pas à se resserrer et à se surbaisser au point de ne pas se laisser franchir que par une pénible reptation.
Au-delà de cette étroiture on pénètre dans les terrains d’éboulis formés principalement de marnes et de cailloutis calcaires formations instables et de parcours dangereux. On ne tarde pas du reste à se heurter à un amoncellement de terre et de roches où toute progression devient impossible ; l’altitude est supérieure de 133 m à celle de l’entrée, la distance parcourue d’environ 480 m.
La branche de gauche de direction sud est entièrement parcourue par le cours d’eau qui se précipite en cascade au point de jonction avec la cavité principale. Au-dessus de la cascade un conduit étroit et sinueux donne accès à une grande salle encombrée de débris éboulés et de stalagmites. A la voûte pendent de nombreuses stalactites. Sur la droite ,un passage rejoint la branche sud-ouest. Vers le haut de cette salle ; direction Sud, on trouve un banc d’argile plus ou moins recouvert d’une croûte stalagmitique peu solide ; on remarque également un affleurement de schistes.
Au-delà on pénètre dans les terrains d’éboulis par d’étroits boyaux finissant en cul-de-sac à l’altitude de + 142 m.
La formation de l’ifri isamdane s’explique par le drainage des eaux d’infiltration parcourant les pentes d’éboulis du versant Est du taltat. Ces eaux, arrêtées par un chicot calcaire, l’ont percé pour se fraye un chemin. Le cours d’eau hypogé présentait vraisemblablement une activité plus grande à une époque où d’autres conditions de climat et d’altitude favoriseraient un enneigement plus important. La perte du ruisseau souterrain n’a pas été explorée ; sa résurgence doit être cherchée parmi les sources assez abondantes situées en contre-bas de la vallée.
Les températures observées lors de notre visite du 31 juillet 1938 étaient de10°5 pour l’eau et 11° pour l’atmosphère.
La flore et la faune de cette grotte ont été étudiées par MM.Maire et de Peyerimhoff (v.Biospeologica,t,VI.XXIV et LVII).
R.Marichal.