- Gisement situé à l’ouest de Bougie, dans le ravin de Bir el Kanoun, sur le versant méridional du djebel Gouraya. Il s’agit d’une grotte précédée d’un abri sous roche et d’un talus. Il fut fouillé dans de très mauvaises conditions scientifiques, même pour l’époque, par A. Debruge en 1902 et 1906 ; les travaux ont été repris avec la collaboration de Debruge par une mission américaine en 1927.
- Malgré ces conditions de recherche et l’imprécision des publications de Debruge, mais grâce au compte rendu de la mission américaine, on peut reconnaître la présence d’un niveau atérien ancien, voire moustérien ; dans les collections du musée de Constantine et du musée du Bardo à Alger se trouvent des éclats en quartzite de débitages Levallois et moustérien qui figurent également avec des pointes et des racloirs mais où les pièces pédonculées sont absentes.
- L’Ibéromaurusien succède immédiatement à ce niveau. Le Néolithique est représenté par de la céramique et par une hache triangulaire en ophite, bouchardée et polie vers le tranchant. Les tessons sont rares mais on doit signaler la présence de motifs cannelés (Pallary P., Instructions pour les recherches préhistoriques dans le Nord-Ouest de l’Afrique, Alger, 1909, p. 48-49, fig. 4). Ce décor caractéristique du Nord marocain montre l’influence de la péninsule Ibérique et se retrouve également en Oranie. Il est obtenu à l’aide d’une tige creuse (Camps-Fabrer H., Matière et art mobilier dans la préhistoire nord-africaine et saharienne, Paris, 1966, p. 494).
- Il est difficile de rattacher à un niveau précis les lamelles à bord abattu et les quelques éléments d’industrie osseuse. On peut également noter du matériel de coloration (godet, broyeur, colorants). La faune est abondante mais banale.
- Des restes humains fragmentaires de plusieurs individus, inhumés intentionnellement, appartenaient au type classique de Mechta-Afalou. Ce sont des dolicocéphales à voûte moyenne, dysharmoniques et robustes, aux orbites basses, de haute stature (Balout l., Libyca, t.2, 1954, p. 301-303 – Chamla m.C., Les Hommes épipaléolithiques de Columnata (Algérie occidentale). Etude anthropologique, Paris, 1970, p. 86-87 et 98).
- Le site possède enfin une petite installation métallurgique malheureusement d’âge incertain. Debruge y avait découvert une centaine de petits « lingots » ainsi que quelques pièces minces et très plates pesant quelques grammes, de formes trapézoïdales, losangiques ou carrées, voire rondes. Il s’agit d’un bronze à très faible teneur en étain (Cu 90, 32, Sn 3, 68, Ar 4, 09, Pb 1, 24, Fe 0,32). Des filons de cuivre existent dans l’arrière-pays de Bougie et les Babors et ont permis cette petite exploitation (Camps g., R. Africaine, t. 104, 1960, p. 44 et n. 43 – Id., Aux origines de la Berbérie. Monuments et rites funéraires protohistoriques, Paris, 1961, p. 439 n. 2, 449 et 456).
Bibliographie
Debruge A., Compte rendu des fouilles faites en 1904. Bougie. Rec. Not. M. Soc. archéol. Constantine, t. 39, 1905, p. 69-123, 35 fig., 2 pl. h. t.
Id., La station quaternaire Ali Bacha à Bougie (Moustérien en place). Ibid., t. 40, 1906, p. 119-133, 8 fig.
Id., La grotte sépulcrale quaternaire « Ali Bacha », reprise de la fouille. Bougie (Algérie). Ibid., p. 134-157, 40 fig.
Pond A.W., Chapuis L., Romer A. S. and Baker F. C, Prehistoric habitation sites in the Sahara and North Africa. Wisconsin, 1938, The Logan Museum Beloit College, p. 145-158, 175-177 et 184, fig. 8, pl. 89-97.
Balout L., Préhistoire de l’Afrique du Nord. Essai de chronologie. Paris, 1955, p. 304 et 468.
Camps G., Les Civilisations préhistoriques de l’Afrique du Nord et du Sahara. Paris, 1974, p. 30, 59, 84, 278.
Pour citer cet article
Référence papier
G. Souville, « Ali Bacha », Encyclopédie berbère, 3 | 1986, 442-443.
Référence électronique
G. Souville, « Ali Bacha », Encyclopédie berbère [En ligne], 3 | 1986, document A160, mis en ligne le 01 décembre 2012, consulté le 05 mai 2021. URL : http://journals.openedition.org/encyclopedieberbere/2411 ; DOI : https://doi.org/10.4000/encyclopedieberbere.2411
Auteur // G. Souville