Un voyage entre émerveillement et désolation
Le 16 novembre 2024, je me suis lancé dans une randonnée en solo de 20 km, reliant le centre de la commune de Djebel Aougueb, Oued Athmanïa (wilaya de Mila), à Ibn Ziad (wilaya de Constantine). Ce parcours traverse les majestueux monts de Djebel Aougueb et de Chettaba, ce dernier étant communément connu sous le nom de Djebel Cheikh Zouaoui.
Une aventure guidée par le respect de la nature
Suivant les pentes et les crêtes de ces montagnes, je me suis orienté selon ce que mes yeux et mon instinct dictaient, tout en veillant à éviter tout danger. Le chemin, ponctué de montées et de descentes abruptes, s’étendait du nord-nord-ouest au nord, avec un dénivelé négatif impressionnant de -810 mètres. L’altitude variait entre 551 mètres et un sommet à 1 362 mètres, selon les données de l’application que j’utilisais.
Le temps jouait contre moi : à la fin de l’automne, les journées sont courtes, et je ne voulais pas être surpris par l’obscurité. J’ai donc maintenu un rythme soutenu, ne m’accordant que de brèves pauses pour admirer les paysages ou prendre des clichés mémorables.
Un territoire transformé
Les années ont laissé leur empreinte sur cette région. En parcourant ces montagnes, j’ai constaté avec surprise que des exploitations agricoles et des fermes avicoles, absentes dans les années 1980, se sont multipliées comme des champignons. Ces structures, bien que témoignant du développement humain, grignotent peu à peu l’espace naturel, laissant derrière elles des déchets, y compris dans des zones karstiques où l’eau pourrait être contaminée.
Plus troublant encore, j’ai aperçu les carrières qui rongent inexorablement les flancs du Djebel Aougueb. Elles se rapprochent dangereusement de la grotte préhistorique Ghar Ezma, un trésor historique et naturel menacé de destruction par l’extraction de roche pour la construction.
Entre merveilles et désolation
Malgré ces constats désolants, cette randonnée m’a aussi offert des moments d’émerveillement. Les panoramas à couper le souffle, les vestiges de genévriers centenaires – témoins silencieux de la splendeur passée de ces forêts –, et les rencontres inattendues avec la faune locale, comme un scorpion capturé dans une photographie, resteront gravés dans ma mémoire.
Hélas, les ombres de la modernité pèsent lourdement sur cette région. Les fouilles illégales des pilleurs d’antiquités creusent le sol au hasard, menaçant l’héritage culturel et naturel. Les carrières s’étendent sans vergogne, et les forêts de genévriers, autrefois denses et luxuriantes, sont réduites à une poignée d’arbres épars.
Un appel à la préservation
Cette randonnée, que j’ai rêvé un jour de transformer en itinéraire pour les amoureux de la nature, est devenue un cri d’alarme. Ces montagnes, avec leur biodiversité fragile et leur histoire millénaire, méritent bien plus qu’une exploitation effrénée. Il est impératif que nous, passionnés de la nature, unissions nos efforts pour préserver ces trésors.
Que cette aventure inspire d’autres randonneurs à découvrir la beauté de Djebel Aougueb et Chettaba, mais aussi à réfléchir aux impacts de nos activités sur cet environnement précieux.
En tant qu’amoureux de la nature, je continuerai à marcher sur ces sentiers, à documenter ces merveilles et à espérer qu’un jour, ces montagnes retrouveront leur sérénité d’antan.