La spéléologie est une activité pluridisciplinaire à forte plus-value éducative, elle allie à la fois des aspects scientifiques, environnementaux, sportifs et de loisirs. Elle a pour objectif l’exploration du karst et des milieux souterrains, naturels, artificiels ou anthropiques.
La spéléologie exige une progression et des franchissements pouvant faire appel, selon les cas, à la marche en terrain varié, à la reptation, à la nage, à la plongée subaquatique, à l’escalade, à la descente et à la remontée sur agrès fractionnée ou pas et à d’autres techniques d’évolution sur agrès (main courante, ligne de vie, tyrolienne, échelles fixes, etc.) pouvant nécessiter la mise en œuvre de techniques d’assurances de tous types.
L’ouverture de certaines cavités et le franchissement de passages étroits peuvent amener à mettre en œuvre des techniques de désobstruction.
C’est un travail d’équipe par excellence. Elle permet de tisser des liens étroits et intenses avec les membres d’un groupe. Elle obéit également à un règlement et un encadrement très strict.
2- LE MATÉRIEL COLLECTIF
2.1. Les corde
Nous utilisons des cordes de diamètre 9 et 10 mm pour une pratique classique de la spéléologie.
Toutes les techniques décrites sont à utiliser avec des cordes de ce diamètre. Les cordes de diamètre inférieur ont une résistance qui implique des techniques spécifiques.
Généralités :
Les cordes de spéléologie, sont des cordes statiques utilisées pour la descente au descendeur et la remontée aux bloqueurs. Les cordes de spéléologie sont résistantes à l’abrasion, et possèdent des propriétés semi-dynamiques pour assurer la sécurité en cas de chute de facteur inférieur ou égal à un. Les cordes statiques de spéléologie sont de couleur dominante blanche.
La corde en polyamide (nylon) est constituée de l’âme protégée par la gaine. L’âme représente presque les 2/3 de la résistance de la corde. La gaine résistante à l’abrasion assure le tiers restant.
La corde possède à l’intérieur de l’âme un fil témoin de couleur. Chaque couleur correspond à l’année de fabrication, quel que soit le fabricant :
1984 :1985 :1986 :1987 :1988 :1990 :1991 :1993 :1994 :1995 :
Avant la première utilisation, il faut laisser tremper la corde dans l’eau pendant 24 heures pour éliminer les lubrifiants de fabrication. La faire sécher lentement. La corde se rétractera d’environ 5%, ce qui réduira le risque de glissement de la gaine sur l’âme (l’effet chaussette). Attention à l’usage de certaines marques dont les cordes peuvent rétrécir de 10 à 15%.
Les cordes de 10 mm et 9 mm se vérifient, s’entretiennent, se nettoient et se stockent de la même manière. Il faut être aussi consciencieux avec une corde de 10 mm qu’avec une corde de 9 mm.
Le marquage des cordes :
Un marquage complet comprend la longueur de la corde, l’année d’achat, la propriété. Il s’effectue après la première utilisation. On indiquera à l’une des extrémités le marquage complet, et seulement la longueur à l’autre bout.
Le marquage doit être clair, insensible au milieu souterrain : on enroule sur la corde un ruban adhésif, qui forme un support où l’on colle les bandes autocollantes chiffrées et lettrées. On recouvre l’ensemble de gaine thermo-rétractable transparente.
On fait chauffer la gaine (réchaud à gaz ou sèche-cheveux) pour qu’elle se rétracte sur le marquage sans se déchirer.
Le nettoyage des cordes :
Une corde doit être lavée après chaque utilisation pour permettre une bonne vérification de son état.
Les cordes peuvent être nettoyées à l’eau (sans détergent) à l’aide de lave cordes commercialisés ou bricolés, mais aussi à la machine à laver le linge, sans lessive, à une température de 30 degrés maximum.
Le nettoyeur haute pression est à proscrire car il fait pénétrer les cristaux de calcite et les argiles dans la corde, ce qui contribue à couper les fibres.
Suspendre la corde lovée en écheveaux, à l’ombre, pour la faire sécher.
La vérification des cordes :
Les techniques de spéléologie sur corde simple sont élaborées autour d’un axiome de base : La corde que j’utilise est solide.
Je lui fais confiance et j’utilise des techniques qui ne vont pas la fragiliser.
Pour cela le ne dois pas avoir de doute sur sa résistance.
Une corde doit être contrôlée après chaque utilisation, afin de déceler le moindre indice de fragilisation créé par frottement, chute de pierres, piétinement…
Vérifier que la corde n’est ni brûlée ni détériorée.
Vérifier que le diamètre de la corde est bien uniforme.
Le contrôle de la corde est double : à la vue et au toucher. On fait glisser la corde entre ses doigts tout en cherchant visuellement le moindre défaut. Il est bon de vérifier l’angle de courbure de la corde : il doit être le même sur toute la longueur.
Quand une corde présente un défaut (brûlure ou coupure), il faut la couper immédiatement car elle est devenue dangereuse. Une corde présentant un vieil aspect (brûlure sur plusieurs mètres provoquée par le descendeur, peluche répétée) doit être mise au rebut.
Le stockage :
Une corde se stocke à l’abri de la lumière.
La corde ne doit pas être en contact avec une substance chimique : batteries au plomb (utilisées pour l’éclairage et les perforateurs) qui contiennent de l’acide sulfurique, hydrocarbures (essence, huiles), le carbure, les piles usagées…
Attention au transport des cordes et de tout le matériel textile en polyamide (harnais, sangles,…) dans les véhicules.
2.2. Les mousquetons
Généralités :
Pour l’équipement des verticales, on utilise des mousquetons de sécurité à vis en zicral.
Les modèles asymétriques s’ouvrant sous charge facilitent l’équipement.
Le nettoyage des mousquetons :
Les mousquetons doivent être nettoyés après chaque utilisation pour permettre une bonne vérification : les brosser à l’eau et les suspendre pour les faire sécher.
Attention à la lubrification : on peut mettre une goutte d’huile au niveau de la virole et de l’articulation du doigt, mais il faut essuyer le trop plein d’huile afin d’éviter qu’il ne coule sur la corde à la prochaine utilisation.
Le stockage des mousquetons :
Il faut les ranger égouttés et séchés, de préférence suspendus dans un local non humide.
La vérification des mousquetons :
Un mousqueton se vérifie après chaque utilisation :
-Vérification de l’absence de fissure sur l’axe du doigt : elles se créent à cause d’une différence de dilatation entre l’axe en acier et le corps en aluminium.
-Vérification de la corrosion interne du mousqueton due au milieu, et aux phénomènes d’électrolyse existant entre l’aluminium et l’acier. Il y a destruction interne des molécules d’aluminium, imperceptibles à l’œil au début. Puis le mousqueton prend par la suite des aspects de lèpre en surface.
– Vérification de l’usure mécanique : cette usure est provoquée par les frottements : mousqueton de renvoi, mousqueton de longe, porte lampe…
A la moindre anomalie, le mousqueton doit être impérativement retiré de la circulation pour ne plus jamais être employé.
Il ne doit pas être affecté à un rôle dit secondaire : porte matérielle, porte kit, désobstruction…
L’expérience montre que dans des situations particulières (carence de matériel ou multiplicité des intervenants), on retrouve ces mousquetons dangereux dans des fonctions de sécurité.
2.3. Les maillons rapides
Généralités :
Il une multitude de maillons rapides. Pour les amarrages, on utilise le maillon de 7mm grande ouverture en acier (rupture 2500 kg) ou en zicral (rupture 1000 kg).
Le nettoyage des maillons rapides
Les maillons rapides doivent être lavés à l’eau après chaque utilisation, à l’aide d’une brosse. Les suspendre pour les faire sécher.
Attention à la lubrification de la virole du maillon : ne pas oublier d’essuyer le maillon rapide pour éviter que l’huile ne coule sur les cordes à la prochaine utilisation.
Le stockage des maillons rapides
Ils rangés égouttés et séchés, de préférence suspendus, dans un local non humide.
2.4. Les plaquettes
Généralités :
Les plaquettes utilisées en spéléologie sont équipées de vis de 8 mm.
La vis a une longueur de 16 mm pour les plaquettes et de 20 mm pour les anneaux aciers. Attention à ne pas intervertir les vis.
Les plaquettes sont en dural, en acier, en inox, selon les marques et modèles.
L’utilisation des plaquettes :
Chaque plaquette a une ou plusieurs utilisations spécifiques. Dans tous les cas, le serrage de la vis doit rester modéré sinon on fragilise l’amarrage. On les classe en différents modèles.
La plaquette coudée s’utilise avec un mousqueton reposant sur le rocher. Ne s’emploie donc pas avec des maillons rapides. La plaquette ée éloigne le nœud et la corde de la paroi, évitant le frottement. La plaquette coudée se place de manière à ce que la traction exercée soit parallèle à la paroi. Les plaquettes coudées à trou ovale, en forme de tuile, sont conçues pour être utilisées avec tous types de maillons et de mousquetons.
La plaquette vrillée avec un mousqueton ou un maillon rapide. Par sa forme, vrillée n’écarte pas le nœud et la corde de la paroi. Elle s’utilise donc lorsque la roche présente une cavité sous la cheville. La plaquette vrillée se place de manière à ce que la traction exercée soit parallèle à la paroi.
Pour éloigner la corde du rocher avec une plaquette vrillée, il suffit d’utiliser deux mousquetons ou deux maillons.
La plaquette cœur s’utilise avec un mousqueton ou un maillon rapide. La plaquette coeur accepte de multiples axes de traction, on peut la placer en plafond. Elle est en acier inox et doit être utilisée avec des mousquetons ou maillons en acier pour les équipements en fixe.
La plaquette clown s’utilise sans mousqueton, et dans toutes les positions. Comme elle est peu pour se longer et surtout se délonger, il est déconseillé de l’utiliser avec des équipiers débutants ou peu autonomes
L’anneau acier s’utilise seul ou avec un mousqueton ou un maillon rapide. Dans le cas où il est employé seul (passé directement dans la corde), on réalise un nœud de Y avant de le fixer sur la cheville ou on enfile les anneaux sur la corde et on fait un huit. Pas de tête d’alouette.
L’anneau acier accepte de multiples axes de traction, on peut le placer en plafond. Attention au positionnement de l’anneau avant d’y exercer une traction.
LES PLAQUETTES PARTICULIÈRES
On peut citer deux modèles conçus pour l’équipement de corde en “fixe” et plus particulièrement destinés à l’usage des spéléologues :
La plaquette Clown de Petzl et l’As commercialisé par Expé. En deux mots (car peu utilisée en canyon), la plaquette Clown en zicral, est utilisable sans connecteur, en traction ou en plafond et au cisaillement mais pas à l’envers.
Sa forme particulière permet de bien dégager le nœud de la paroi.
On remarque également que la corde prend appui en grande partie sur la vis ce qui améliore la résistance de l’ancrage au cisaillement.
L’As (Amarrage Souple) est constitué d’une rondelle très épaisse en zicral en guise de plaquette ; percée d’un trou central de 8 mm pour la fixation de la plaquette et de deux tunnels parallèles permettant de nouer un anneau de cordelette de 5 mm en dynéma ajustable en longueur.
L’anneau de liaison qui peut également être utilisé directement sur un amarrage naturel, permet de fixer la corde sans connecteur et offre une multitude de combinaisons astucieuses afin d’adapter l’amarrage en fonction des possibilités offertes sur le terrain.
Le nettoyage des plaquettes :
Les plaquettes doivent être nettoyées après chaque utilisation, les brosser à l’eau en insistant sur la vis pour rendre le filetage impeccable. Les suspendre pour les faire sécher.
Le stockage des plaquettes
Elles sont rangées égouttées et séchées, de préférence suspendues, dans un local non humide.
La vérification des plaquettes :
Une plaquette se contrôle après chaque utilisation
– Vérification de l’œil (trou permettant le passage du mousqueton), il doit être intact et non usé par frottements.
– Vérification de la forme initiale : plaquette déformée à cause d’une mauvaise utilisation.
Une plaquette présentant ces défauts ne doit plus être utilisée.
– Vérification de la vis et de son joint torique : le filetage vieillit et s’abîme avec le temps, rendant impossible son vissage dans la cheville. Le joint torique permet de rendre la vis imperdable. Il faut vérifier son état. Dans le cas d’une vis détériorée, la remplacer par une vis identique, même diamètre, même longueur, même résistance.
2.5. Les anneaux de sangles, de corde, de cordelette
Les anneaux de sangle
Les sangles se présentent en version plate ou tubulaire. Les fabricants proposent plusieurs largeurs de sangle. La sangle utilisée couramment pour l’équipement des verticales possèdent une largeur de 20 à 30 mm environ. Il faut choisir impérativement de la sangle plate, car la sangle tubulaire est fragile : elle se détricote aux accrocs ou à l’usure.
Deux sortes d’anneaux de sangle :
– Fermé à l’aide d’un nœud de sangle.
– L’anneau cousu par le fabricant, il existe en plusieurs largeurs et longueurs.
A noter que le nœud de sangle diminue la résistance de l’anneau d’environ 50%, contrairement à la couture de l’anneau cousu.
Les anneaux de corde
Un anneau de corde est constitué d’un bout de corde, fermé à l’aide d’un nœud de huit tressé.
Les anneaux de cordelette
L’anneau de cordelette est constitué d’un bout de cordelette de diamètre supérieur ou égal à 5 mm, et inférieur à 8 mm. Il est fermé à l’aide d’un nœud de huit tressé.
La vérification des anneaux de sangle, de corde, de cordelette
Les anneaux de sangle, de corde, de cordelette, doivent être vérifiés après chaque utilisation. On vérifie que les anneaux ne sont pas brûlés, ou abîmés par un frottement, une chute de pierre, des piétinements…
Changer tout anneau présentant une usure.
2.6. Le matériel pour spiter
Le matériel pour spiter comprend au minimum un tamponnoir pour cheville 8 mm, un marteau, des chevilles auto-foreuses de 8 mm avec cônes, et une pochette pour ranger le tout.
Le tamponnoir
Tous les tamponnoirs de 8 mm à dragonne proposés par les différents fabricants conviennent au planté de chevilles auto-foreuses en milieu souterrain. On trouve des tamponnoirs de spéléologie, et des tamponnoirs à poignée un peu plus volumineux.
Le marteau
Il est important de choisir un modèle muni d’une tête imperdable et équipé d’une cordelette de sécurité, de préférence d’une masse suffisante pour être efficace
La pochette
On choisira une pochette spécialement conçue pour contenir tout le matériel à spiter.
2.7. Les chevilles auto-foreuses
Chevilles auto-foreuses utilisées en spéléologie ont un diamètre extérieur de 12 mm et sont en acier. Elles s’utilisent avec des vis de 8 mm en acier « 8.8 » (certains fabriquants fournissent des vis en acier inoxydable).
Ce modèle est amplement suffisant pour la spéléologie. 20 ans d’utilisation nous ont donné entière satisfaction.
D’autres activités de plein air préconisent l’emploi d’un diamètre supérieur, mais pour des utilisations différentes.
Des dents acérées sont taillées à une extrémité, l’autre bout est taraudé. Vissée à un tamponnoir chaque cheville fore son trou
Le coin conique (le cône) introduit à l’extrémité dentée de la cheville, prend appui sur le fond du trou et provoque l’expansion de la cheville sous les coups de marteau, comprime la roche et immobilise la cheville. On trouve couramment deux modèles de chevilles auto-foreuses de 8 mm :
-chevilles SPIT sont annelées et de couleur or.
-chevilles HILTI sont lisses, et de couleur argent.
Attention à ne pas intervertir les chevilles et cônes de marques différentes. En effet les formes de cônes sont différentes et l’expansion de la cheville ne sera pas optimale. On associe donc impérativement les chevilles et cônes de même marque.
1 commentaire pour “Matériel nécessaire en spéléologie 2ème partie”