Durant les années 1986/1988, il venait parfois en stop, à partir de Boufarik, d’autres fois il faisait le chemin à moitié en marchant ! Il faisait tout pour arriver le mercredi soir (veille du weekend d’antan), à Ouadhia. Nous l’accueillîmes tous, comme nous étions « membres du Monta-Club Ouadhia » au centre culturel, où notre Club, qui n’était pas encore agrée, élisait domicile avec le peu de matériel de sport de montagne (cordes, mousquetons cuissards, descendeurs, dégaine etc.) dont nous disposions à cette époque. Passé un petit moment autour d’un dîner de fortune, il parlait en Arabe populaire que nous ne maitrisions pas, mais nous nous efforcions de répondre avec humour, mais nous finissions toujours par nous entendre.
Lui qui maitrisait aussi la langue de Molière… à peine une demi-heure, après il renflait déjà, vite endormis, pour être à pieds d’œuvre à l’aurore, en train d’escalader les pieds de la montagne, en solitaire, en vue d’atteindre une grotte à explorer suivant ses cartes géographiques et topographiques qu’il avait sur lui. Le soir d’après il rentre tard, très épuisé après une longue journée de recherches qu’il s’endort parfois sans manger… Aujourd’hui, pour lui, près de 40 années plus tard, c’est comme un gout d’inachevé, lui, le troubadour mordu de la nature, l’épris de la marche dans les milieux sauvages, lui l’accro, le féru des grottes et gouffres du Djurdjura…il a l’impression de ne rien connaitre de ce patrimoine naturel, lui qui connait le Djurdjura comme sa poche. Il restera l’éternel insatisfait. 40 ans après, il n’a pas hésité une seconde, à nous offrir son savoir lors de notre stage de guide randonnées de 2017 à Tizi-Ouzou. Au demeurant, il n’a qu’un souhait cher à ses yeux… Il aimerait tant, qu’on prenne tous conscience de la vulnérabilité de ce grand temple naturel, qu’est le Djurdjura. Il aimerait que quand il sera vieux, il pourra toujours contempler à partir des vitres de la voiture de sa fille, les pelouses, cèdres, falaises ainsi que les vautours qui survolent les hauts sommets qui embrassent les cieux du Djurdjura ! Mes hommages et longue VIE, mon vieil AMI MOHAMED…
By Lounès MEZIANI
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